Marathon de Venise
Quand j’aime, je fais un poème. Ni Prévert, ni Jazy, j’écris plutôt jazzy.
Je veux faire courir les mots au rythme des foulées ; et les laisser ensuite, avec l’ami Gégé, se défouler, rêveurs, sur du rap déglingué.
La piazzetta était belle
Entre ciel et mer suspendue
Nous courrions tous en ribambelle
La joie au cœur d’avoir tenu.
De Serge le champion au duo des plus belles
Chacun puisait encore aux sourires bienvenus
La force de parcourir les dernières venelles
Nous amenant au port, heureux, fiers et fourbus.
C’était l’apothéose d’un voyage « sporturel »
Où le beau et le fort se rencontraient, émus.
J’ai eu ce sentiment, étrange et saugrenu
Que tous les dieux du stade, descendus du bleu ciel,
Encourageaient nos pas au milieu des chapelles.
Et aujourd’hui encore, le souvenir est tel
Que j’ai hâte de revivre une aventure si belle
Avec vous dans Londres au printemps revenu.
Octobre 94
Marathon de Londres
Marathon de Londres
Greenwich au point du jour
Bientôt le départ vient
Excitation toujours
Premiers pas, vert matin
* * *
Sur le Pont de la Tour
Préparés corps et âmes
Sur le Pont de la Tour
Direction Buckingham
* * *
Foulées souples, légères
Rythmées par le chemin
Fendre la foule et l'air
Sur les docks londoniens
* * *
Sur le Pont de la Tour
Rajeunies corps et âmes
Sur le Pont de la Tour
Si prêt de Buckingham
* * *
Coule sans fin Tamise
Et résonne Big Ben
Jambes lourdes s'enlisent
Sur les quais de la peine
* * *
Sur le Pont de la Tour
Fatigue et vague à l'âme
Sur le Pont de la Tour
Si loin de Buckingham
* * *
Au lumineux sourire
D'une vieille lady
Retrouve force et rire
Cours encore, remercie
* * *
Sur le Pont de la Tour
Donner toute son âme
Sur le Pont de la Tour
Courage, ô Buckingham !
* * *
Enfin le dernier mile
Heureux et fatigué
Soleil de Londres, brille
"Well done", c'est l'arrivée
* * *
Sur le Pont de la Tour
C'est de nouveau le calme
Sur le Pont de la Tour
Souviens-toi, Buckingham !
Avril 95
Marathon de Florence
Marathon de Florence
Place de la Signora
En ce premier décembre
Quel bonheur d’être là
Comme de fiers Sicambres
Le soleil du matin
Apparaissait timide
Dans le long florentin
Dont nous étions les rides
Du fier dôme en coupole
Aux rives de l’Arno
Notre ronde fût folle
Allegro furioso
Puis elle s’alanguit
A l’ombre des cyprès
La fatigue répandit
Son doux manteau ouaté
L’allure devint plus lente
Le serpent s’allongea
Le diable Place de Dante
Riait de nous voir las
Les anges de Michel
Saluaient nos foulées
Blanches statues si belles
Nous nous sommes tant croisés
Près du Ponte Vecchio
Résonnèrent nos pas
Des cris au fil de l’eau
Et même quelques hourras
Oui la fin était proche
Même s’il fallait monter
Sur des pavés de roche
Vers la ligne d’arrivée
Le palais des Offices
Nous offrit ses arcades
Laurent de Médicis
Bénit notre bravade
Heureux de reposer
En ce lieu si serein
Nous nous sommes souhaités
Montréal l’an prochain
Décembre 96
Marathon de Paris
Marathon des Champs
Huit heures, Paris s’éveille
En ce dimanche d’avril
Offrant toutes ses merveilles
Aux coureurs, aux vingt mille
Dont la clameur réveille
La plus belle des villes
Le départ est donné
Aux athlètes en fauteuil
Et des Champs – Elysées
Jusqu’à Foch et Auteuil
Ils vont nous précéder
De leur courage sans seuil
Puis la foule enfin libre
S’élance vers la Concorde
Les quais de Seine vibrent
Sous les pas de la horde
De gazelles et de tigres
Qui ensemble s’accordent
Ils prendront la Bastille
En foulées magnifiques
Grandissime escadrille
Creuse une douce vrille
Dans Paris la magique
Bois de Vincennes, Bercy
Le serpent intrépide
Peu à peu se languit
Aux creux des voies rapides
Quand le corps s’alourdit
Et que le cœur se bride
Dans les vertes allées
Du Bois de Boulogne
Nos héros fatigués
Traînent un peu en besogne
Et leur souffle voilé
Ressemble à de la grogne
Il est temps d’en finir
Et que sous les hourras
La foule vienne applaudir
Les coureurs dont les bras
Se lèvent comme sourire
De bonheur gros comme ça
Mai 97
Marathon de Budapest
Marathon de Budapest
Au cœur de Budapest
Le beau Danube bleu
Nous emporte au vent d’est
Vers des rivages heureux
Comment lui refuser
Sa tendre invitation
Ses flots vont nous mener
Au bout du marathon
D’Obuda millénaire
Jusqu’au château royal
Nous longeons les vieilles pierres
D’une histoire sans égale
Voilà le Pont des Chaînes
Tout près du parlement
Nous le passons sans peine
Emplis d’émerveillement
Saluons Marguerite
Sainte île de fraîcheur
Saint Gérard, les guérites
Du bastion des pêcheurs
Sur les quais, seuls hélas
Nos souffles se font courts
L’église du roi Matthias
S’offre comme un secours
Un dernier pont de bois
Et de vertes allées
La Hongrie d’une seule voix
Salue notre arrivée
Et vogue la péniche
La fête sera gaie
Nos souvenirs se nichent
Novembre 97
Marathon de Chicago
Marathon de Chicago
Hello, every body
Are you ready to run
Through the great wind city
For record or for fun ?
Chica, Chica, Chica.....go !
22 octobre 2000
Grant Park est un long flot
De coureurs à la file
Près de trente mille foulées
S’élancent en ribambelles
Vers les tours argentées
De l’U.S. Babel
C’est la bourse et le blues
Ca speede et ça gémit
Dollars et blue suede shoes
Grands palaces et taudis
Hey man you can do it !
Déjà le onzième mile
Jean-Paul et les « petites »
Crient plus fort que mille
Banlieue black et chaleur
Gospel et rock and roll
Cours toujours petite sœur
Accroche-toi Billy Paul !
La fin semble irréelle
Longues avenues sans fin
Après un long tunnel
C’est l’arrivée enfin !
Grands bonheurs, bras levés
Et vivats de la foule
La médaille en collier
Tu reposes enfin cool
Octobre 2000
Marathon de La Rochelle
Un matin de novembre
Des écharpes de brume
S’enroulent et puis se cambrent
Comme des serpents qui fument
Sur les quais gris et flous
Un ruban coloré
De coureurs un peu fous
Déroule la foulée
Cinq mille prennent le départ
Et filent se faire la malle
Leurs reflets sont bizarres
Dans l’eau noire du canal
Les filles de La Rochelle
Sont – elles brunes ou blondes
La brume cache les belles
Chevelures de la ronde
La ville nous dévoile
Ses merveilleux atours
Imprimés sur la toile
Qu’elle peint jour après jour
Hautes tours, châteaux –forts
Pierres ciselées des églises
L’histoire parle à l’effort
De nos corps qui se grisent
Mille hourras de la foule
Sur le port quel accueil !
Les cris de joie nous soûlent
En arrivant au seuil
Coupe – vents et bourriches
D’huîtres offerts à chacun
Ce marathon est riche
Novembre 2001
Marathon de Vienne
Marathon de Vienne
Vienni vidi vici
La distance mythique
Vienne nous applaudit
En valse et en musique
Les héros fatigués
Doucement se dirigent
Vers le Landtman Café
Dépôt de puces oblige !
Chacun refait sa course
Dans la douce tiédeur
Des amis dont la bourse
S’est emplie de bonheur
C’est l’étrange délire
Des frères de macadam
Le beau bouquet de rires
Baigné de quelques larmes
Auberge décevante
En soirée à Grinzing
La joie pourtant qui chante
Dans nos verres de Riesling
Quatre jours de ballade
Dans Vienne la baroque
Musées, Ring, promenades
Cafés de la « belle époque »
Le retour à Paris
Changement à Strasbourg
Vive Vienne et vienni
Vidi vici toujours
Mai 2004
Marathon de New York
Marathon de New York
J’ai fait un rêve étrange et tellement merveilleux
Nous courrions dans New York du bonheur plein les yeux
La foule était immense et les cris fabuleux
Quand coulait le long fleuve libre et majestueux
Du pont Verrazano balayé par le vent
Jusque dans Central Park et la ligne d’arrivée
Nous passions ébahis par le déferlement
Des clameurs saluant nos milliers de foulées
Chicanos de Brooklyn, délire au coin des rues
Vieux juifs barbus et tristes comme un jour de carême
Vos hourras nous portant sur la Première Avenue
Comme les regards brillants des enfants de Harlem
Tant d’images entrevues au fil des kilomètres
Tant de souvenirs glanés dans la Grosse Pomme d’amour
Mon rêve de Manhattan méritait tant de naître
Le 7 novembre enfin, il courut au grand jour
Novembre 99
PascalCALENDRIER
De beaux et bons souvenirs